Interview de Carole Roux-Derozier, Chargée de mission pour l'accueil des publics en situation de handicap à la Bibliothèque nationale de France

Pouvez-vous recontextualiser l'ensemble des mesures prises ces dernières années concernant l’accessibilité de la BnF ?

Nous poursuivons nos efforts en matière d’accessibilité du cadre bâti. Des travaux sont programmés afin que les différents sites de la Bibliothèque nationale de France soient accessibles au public en situation de handicap moteur (le site François-Mitterrand et le site Richelieu). Nous avons également acquis du matériel d’aide à la lecture et mis en place des visites sensorielles pour les personnes déficientes visuelles, des visites avec livrets d’accompagnement facile à lire et à comprendre pour les personnes déficientes intellectuelles, des visites découvertes gratuites en langues des signes pour les personnes sourdes. Plus largement en ce qui concerne la déficience auditive, nous avons aussi souhaité que l’ensemble de nos services et de nos accueils soient accessibles à un large public de personnes sourdes et malentendantes. C’est désormais le cas. Le site François-Mitterrand de la BnF leur est accessible depuis 2015 et le site Richelieu depuis 2018 avec Acceo.

Comment fonctionne l'accessibilité avec Acceo ?

Nous sommes accessibles par téléphone et sur place à plusieurs endroits stratégiques de nos sites. A l’accueil bien-sûr, aux points d’inscription en bibliothèque de recherche et dans les salles de lecture. Pour se rendre compte de ce que cela veut dire, je peux donner quelques chiffres. Nous avons vingt-six points d’information accessibles sur le site François Mitterrand et une quinzaine sur le site Richelieu.

Nous utilisons Acceo qui permet, grâce à des plateformes d’opérateurs spécialisés d’accéder à distance et en temps réel à trois modes de communication : la Transcription Instantanée de la Parole, la visio-interprétation en Langue des Signes Française (LSF) et le visio-codage en Langue française Parlée Complétée (LPC).  Une personne sourde ou malentendante peut désormais demander un renseignement à l’un de nos agents en toute autonomie, sans être accompagné d’un tiers. Toutes les informations à ce sujet sont disponibles sur notre site internet.

Comment avez-vous pensé à la solution Acceo ?

La mission handicap de la BNF a un rôle de veille pour trouver les meilleures solutions et améliorer l’accessibilité. J’avais eu connaissance de cet outil et j’ai voulu le tester. J’ai fait venir les équipes qui l’ont créé et nous avons organisé une présentation dans nos différents services (accueil et inscription des lecteurs, salles de lecture…). Cette démonstration nous a permis de nous rendre compte concrètement du fonctionnement d’Acceo. Nous avons été séduits, et nous n’avons pas hésité. Nous avons commencé par la déployer sur le site François-Mitterrand. Et depuis quelques mois nous l’avons déployé sur le site Richelieu.

Que pouvez-vous ajouter sur le fonctionnement d’Acceo ?

Nous sollicitons très souvent les opérateurs. A la fois pour notre public mais aussi pour tester régulièrement les différents points stratégiques et vérifier qu’il n’y a pas de bug, que tout fonctionne, que les micros marchent. L’accueil est toujours très professionnel et sympathique et notre personnel est ravi. En revanche, les amplitudes horaires sont, pour nous, un peu restreintes et j’espère que cela évoluera. C’est une contrainte que nous acceptons parce que Acceo répond à nos attentes techniques et surtout « humaines ». Le fait que cela soit des vraies personnes qui soient derrière l’écran, crée du lien et nous le ressentons. C’est important et cela mérite d’être souligné. Nous sommes heureux de proposer ce service à notre public sourd et malentendant. C’est une aide précieuse qui évite de recourir à un tiers et qui nous permet d’être accueillant. Je sais que cette solution est encore peu répandue dans le secteur culturel. Je souhaite sincèrement qu’elle y sera déployée plus largement prochainement.

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